Les différents corps de métier du bâtiment, et plus particulièrement du second oeuvre, requièrent généralement une technicité importante qu’il convient d’acquérir et de maintenir à jour. Nous le voyons par défaut avec les manquements ou carences les plus fréquents constatés sur les ouvrages (ex. retours experts liés à des sinistres,…) : et c’est ce qui est le plus difficile à diagnostiquer par les entreprises et par les professionnels.

Par ailleurs, en dehors de ces qualifications techniques de base, les métiers évoluent vite, et il est crucial de se maintenir à flot en anticipant les changements : contextes, réglementations, normes, lois et décrets, exigences des clients, nouvelles technologies, matériaux, équipements, – et bien sûr pratiques modernes et pression de la concurrence. Il devient critique pour une entreprise de renforcer ses compétences internes, ou bien de se doter de nouvelles compétences, modes de fonctionnement ou d’organisation.

Cette approche par corps de métier rappelle les formations qui permettent ces qualifications de base, ainsi que celles orientées vers l’avenir.

La maintenance multitechnique

Technicité : la maintenance multitechnique est aujourd’hui un secteur du bâtiment en pleine évolution. Pour les entreprises, la maintenance préventive et corrective constitue un facteur fondamental de fiabilité de leurs installations. C’est aussi un levier d’optimisation des outils de production et de réduction des coûts.

De quelles compétences une entreprise a-t-elle besoin pour réussir sur ce marché de la maintenance ? Bien sûr des compétences techniques de base des différents métiers concernés, avec ses qualifications obligatoires : paramétrage et réglage des installations, installations et désinstallations, contrat de maintenance (chauffage, exploitation énergétique), organisation des équipes, et tout le corpus de formations liées à la transition énergétique et à ses nouvelles normes.

Evolutivité : l’évolution de la maintenance s’oriente vers de multiples pistes, nécessitant chacune des aptitudes particulières : relationnel client, dépannage électrique,  outils numériques de plus en plus fréquents  (GMAO, GTB (état + alarmes)), maintenance préventive ou curative, plan d’entretien d’un bâtiment (copropriété, tertiaire (maintenance multitechnique de 1 à 5), industrie), confort du bâtiment.

Les contrats visent de nos jours à fournir l’énergie et à gérer l’économie des consommations, et à offrir en une garantie totale pièces et main d’œuvre en longue durée. Ils représentent un chiffre d’affaire pérenne pour l’entreprise, et un avantage pérenne pour le client, au regard du cycle de vie des installations et du traitement des déchets. On parle du CPE : nouveau contrat de performance énergétique. Un vrai marché s’ouvre également dans l’optimisation et l’ajustement des bâtiments post-livraison. Enfin, à plus long terme, des compétences BIM (numérique 3D) vont devenir cruciales pour l’exploitation, notamment aux yeux des gros bailleurs privés ou sociaux. L’intégration des objets connectés entraînera une maintenance associée à une plateforme « web service ». Les aptitudes devront couvrir la connectique, ainsi qu’une bonne maîtrise technique et de l’encadrement pour ceux qui veulent évoluer dans la profession. Bref une mine de perspectives pour les professionnels et les entreprises sur ce marché de la maintenance !

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La couverture et l’ étanchéité

Technicité : le couvreur est souvent considéré comme le « seigneur » du bâtiment, celui qui est en haut. Ses compétences doivent à la fois être physiques et intellectuelles : volumes de matériaux, géométrie dans l’espace, calculs complexes, visualisation et conceptualisation dans l’espace, trigonométrie, maîtrise de l’outil et des matériaux (pentes des chaîneaux, coupes d’ardoise et de bois), maîtrise du jargon professionnel, etc.  Il doit également être en forme physique, car le métier requière de l’adresse et de la force. Pour toute ces raisons, un couvreur se doit d’être bien formé, qualifié et encore mieux certifié. Les normes de sécurité sont particulièrement importantes à connaître et à maîtriser : normes pour les mises en oeuvre pratiques (échafaudages de pied, …) et sécurité individuelle.

Aujourd’hui, la main d’œuvre qualifiée dans ce domaine est rare et manquante : d’où l’importance d’une valorisation du métier. Rappelons que la question fait débat d’inscrire le geste du couvreur au patrimoine culturel immatériel de l’Humanité, et de le faire classer par l’Unesco.

Evolutivité :  mais aujourd’hui la profession de couvreur connaît bien des évolutions, avec la transition énergétique. Notamment la problématique de l’étanchéité. Le métier commence à intégrer des produits complexes (écrans de sous-toiture, isolation), ainsi que les isolants dits minces. Leur mise en oeuvre n’est pas évidente, et peut demander l’avis des chauffagistes … La pose des isolants dis minces doit être correctement réalisée, sous peine de dégrader les performances d’étanchéité attendues du bâtiment.

Bref, les compétences requises actuellement touchent donc à l’isolation, à l’étanchéité, au respect des DPUs, aux normes nouvelles de l’ITE (isolation thermique par l’extérieur), et au savoir-faire des métreurs. Par ailleurs, elles concernent également les terrassements (toits terrasses), ainsi que l’isolation extérieure des murs par bardage. Pour information, la végétalisation des terrasses va devenir une obligation sur Paris, et devront retenir les 3 premiers millimètres de pluie sur les toits.

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La climatisation

Technicité : les compétences du métier de climaticien nécessitent de bien connaître les réglementations des fluides frigorigènes, notamment du fait de l’actualité du réchauffement climatique et de l’effet de serre : les notions d’ étanchéité, de maîtrise des types de fluides, tout cela devient d’autant plus important en cette période de transition énergétique. Il s’agit d’être à l’aise avec les mesures de traitement d’air (débits, variations de température, etc.), ainsi qu’avec les normes de sécurité (risques de légionellose, …).

Les besoins de climatisation couvrent un grand champ de besoins : rénovation, maintenance, et exploitation. C’est aussi un métier en pleine évolution.

Evolutivité :  le développement des réseaux de froid de centralisation ouvre de nouveaux marchés pour des non-frigoristes.  De même, l’innovation technique des nouvelles installations multi-marques et multi-générations (traitement d’eau, traitement d’air, centrales de traitement de moyennes et de grosses puissances) : ces nouveaux besoins couvrent la réalisation, mais aussi le dimensionnement précis des installations, la mesure du confort des bâtiments (sinon on s’aperçoit que les consommations électriques qui peuvent aller du simple au double). Et bien sûr leur maintenance et entretien sur le long terme.

A cet égard, le commissionnement, ou commissionning (*), est un service nouveau à la livraison d’un bâtiment : le climaticien accompagne le client pendant deux ans pour suivre ses besoins (adaptation, paramétrages, réglages, adaptés à l’usage du bâtiment) : c’est tout un marché de la maintenance en génie climatique qui se développe et qui va requérir de plus en plus de climaticiens pointus.

(*) : Le plan de commissionning définit les moyens à mettre en œuvre pour atteindre les niveaux de performance. Il doit donc comprendre :
– les hypothèses de conception (programme fonctionnel, conditions climatiques, occupations, attentes des futurs occupants…)
–  l’ensemble des normes applicables au projet
– les critères de performance en termes de chauffage, climatisation, ventilation, éclairage, eau chaude (rendement, étanchéité, débit…)
– la programmation des essais pour s’assurer des performances

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La ventilation

Technicité : du fait des nouvelles normes et exigences amenées par la transition énergétique, l’étanchéité des bâtiments entraîne des besoins toujours plus sophistiqués en matière de ventilation. En France, une maison neuve sur deux ne respecte pas les exigences réglementaires en matière de débit d’air.  C’est ainsi qu’un nouveau métier de « ventiliste » est en train de se développer et de se qualifier.

Les compétences du ventiliste couvrent tous les systèmes de ventilation qui permettent de régler les débits d’extraction en fonction de la qualité de l’air : VMC simple flux, VMC double flux, extraction de l’air vicié dans le bâtiment, et entrées d’air frais. Elles nécessitent de maîtriser les dimensionnements des installations, les  mesures de débit, le «free cooling » (sur-ventilation nocturne), le confinement de l’atmosphère, etc. C’est un métier qui évolue en parallèle de l’innovation technologique du secteur.

Evolutivité : Les réseaux d’air ont besoin d’une étanchéité maximale, sinon il peut y avoir des pertes de débit allant jusqu’à 30 %. Le ventiliste devient peu à peu un métier à part entière, proche du chauffagiste et du climaticien.

L’évolution des techniques veut que ces systèmes de ventilation  génèrent progressivement les apports en froid dans les bâtiments, et donc rejoignent les exigences des climatisations. De même, les préoccupations autour de la qualité de l’air intérieur amènent à sophistiquer les mesures de la pollution, avec les problématiques de l’évacuation des polluants, et de l’évitement de leur entrée. Bref, des pans entiers s’ouvrent aux besoins de compétences des nouveaux ventilistes.

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La plomberie et les petites installations de chauffage

Technicité : Il y a trois catégories  de plomberie : le dépannage pour le particulier, la plomberie dite de luxe, et la plomberie dite « d’abattage » qui concerne les grands bâtiments. La plomberie de dépannage va de pair, de nos jours, avec les installations de chauffage chez les particuliers.  Outre les compétences de base pour la plomberie et le chauffage, la problématique des consommations d’eau est d’actualité : le confort d’une douche avec un faible débit d’eau génère une baisse des consommations, une des exigences des particuliers. Les connaissances techniques doivent porter sur la plomberie de base, les chaudières murales, et les ballons d’eau chaude.

La maintenance est essentielle dans ce métier, et représente un créneau porteur et non suffisamment couvert par les entreprises :  comme pour les voitures, l’entretien des chaudières et des ballons d’eau chaude est crucial pour leur pérennité.

Evolutivité :  l’innovation technologique et les exigences de la transition énergétique poussent pourtant le métier de plombier à se techniciser rapidement. Par exemple, dans les immeubles neufs, HLMs et autres grands logements, l’  encadrement est souvent incompétent pour les dimensionnements, sans parler des règles, législations, normes de  sécurité, connaissance des nouveaux produits.

D’où l’importance des stages de dimensionnements pour établir les devis ; mais aussi dimensionnements pour la mise en œuvre (souvent ceux des réseaux d’eau chaude). De même les normes sanitaires sont à maîtriser : les méfaits de la légionellose pour les bâtiments de soin (ex hôpital Necker), qui entraînent des besoins de maintenance récurrents. Idem pour les installations solaires.

En effet, les nouvelles installations de solaire thermiques, celles de récupération des eaux de pluie, – tous ces marchés représentent de nouveaux produits, de nouvelles techniques, – et donc un besoin de nouvelles compétences. De plus, dans les travaux neufs, les bureaux d’étude sont souvent plus compétents pour le chauffage que pour la plomberie…

Enfin, l’avenir de la plomberie est tiré par le développement des usages de l’eau chaude, le chauffage devenant annexe : la maîtrise des consommations de l’eau chaude, la problématique de la récupération de l’énergie des eaux grises (pompes à chaleur, chauffages thermo-dynamiques, batteries viables dans le collectif), voilà les vrais défis pour les plombiers de demain.

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Le chauffage de moyennes et grandes installations

Technicité : les compétences techniques de base des chauffagistes consistent à savoir dimensionner les puissances des chaudières, les réseaux (les débits), les installations vertueuses au niveau de leur consommation énergétique. De même, la maintenance permet de pérenniser les installations, et de vérifier les réglages pour éviter les surconsommations  abusives.

C’est aussi un métier qui évolue rapidement avec les nouveaux moyens des bureaux d’étude, et l’innovation technologique.

Evolutivité :  avec l’apparition du numérique et du BIM, les maquettes peuvent être faites en 3D, et les artisans chauffagistes vont devoir utiliser de nouveaux outils et produits (par exemple pour les ouvriers : lunettes de réalité augmentée, pour ne pas abimer les réseaux là où ils passent ; pour les artisans, lecture de leurs plans de canalisation en 3D, etc.).

Autre piste, les modules thermiques d’appartement : on ne délivre plus du chauffage + de l’eau chaude + de l’eau froide, mais de l’eau chaude qui va assurer à la fois l’eau chaude sanitaire et le chauffage. Enfin, l’intégration des EnR (énergies renouvelables) au chauffage : panneaux solaires thermiques, pompes à chaleur, ballons thermodynamiques, installations complexes… Le futur du chauffagiste va requérir toujours plus de technicité.

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L’ électricité

Technicité : L’électricité, avec ses courants forts et ses courants faibles, et la connectique au sens large, est un vrai marché en soi. Il faut de l’électricité pour faire marcher et dépanner le chauffage, la climatisation, sans parler bien sûr de l’éclairage de base.

C’est un métier très technique. Deux normes sont importantes pour la profession : la NF C C15 100,  et la NF C 18 510 (habilitation et sécurité électriques) : elles sont cruciales à connaître pour les chargés d’affaires, les bureaux d’étude et les maitres d’œuvre. Sans parler bien sûr des électriciens.

Evolutivité :  les innovations techniques dans le domaine sont multiples.

  • la gestion de la consommation et des alarmes par la domotique
  • la GTB (gestion technique du bâtiment)
  • la production locale d’électricité et l’auto-consommation, liée au photovoltaïque
  • la transmission de la connectivité par l’électricité,
  • la fibre optique
  • le BIM et le numérique 3D d’une façon générale

La profession est très organisée, en voici quelques grands acteurs :

  • le SERCE (Syndicat des Entreprises de Génie Electrique et Climatique) joue un rôle majeur vis-à-vis des grands groupes : au siècle dernier, la période de reconstruction qui succède à la guerre, a été  propice à un fort développement économique et à de grands bouleversements techniques. Les entreprises du SERCE ont su monter dans le train, et « investir de nouveaux marchés ». A ce jour, à force d’innovation, elles exercent leur talent dans de nombreux domaines : les unités de production d’énergie (centrales nucléaires, thermiques), la construction et maintenance des réseaux électriques de transport et de distribution d’électricité, l’électrification des lignes de transport ferroviaire, l’électrification et l’optimisation énergétiques des sites de production industrielle, les systèmes de pilotage des installations des bâtiments tertiaires (la GTB), le génie climatique, les réseaux de télécommunication, via notamment le déploiement de la fibre optique, enfin, les services à l’énergie : des audits énergétiques à l’optimisation énergétique des installations (éclairage public, bâtiments…).
  • la CSEEE : la Chambre Syndicale des Entreprises d’Equipement Electrique de Paris et sa région est une organisation professionnelle ayant pour objet de représenter les entrepreneurs du secteur, de défendre les intérêts de la profession et d’en promouvoir le savoir-faire.
  • la FFIE : La Fédération française des entreprises de génie électrique et énergétique est l’organisation professionnelle qui remplit une mission de représentation, de défense et de promotion des entreprises d’installation électrique affiliées, à l’échelon national et auprès des instances européennes.
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