Claire Broussart
Présidente d’Afortech
DRH d’UTB

Interview de Claire Broussart, Présidente d’Afortech et DRH d’UTB, et de Catherine Saudecerre, Directrice d’Afortech

Catherine Saudecerre
Directrice d’Afortech

Une année 2017  dominée par les besoins de formation réglementaires,
mais  aussi par l’innovation pour mieux accompagner les entreprises

1. Quels ont été pour Afortech les résultats les plus significatifs  pour cette année 2017, en terme de domaines de formation les plus demandés par les entreprises ?

Claire Broussart (CB) : Nous avons organisé surtout des formations obligatoires et réglementaires, souvent liées à la sécurité. Il s’agit là de la principale  préoccupation des entreprises, qui doivent avant tout former leur personnel selon les réglementations toujours plus nombreuses qui concernant leurs métiers. Les formations de base, les recyclages dans ces domaines sont le socle de l’activité d’Afortech.

Catherine Saudecerre (CS) : Auparavant venaient en tête les formations techniques, notamment dans le génie climatique. Mais peu à peu, la sécurité et la prévention ont pris de l’essor, pour représenter à elles seules 60 % des stages délivrés en 2017.

Ceci dit, les formations techniques arrivent en volume de stages en deuxième position, elles qui représentent le coeur de métier des entreprises : comme par exemple la régulation en génie climatique, s’initier à la plomberie, etc.  : depuis l’initiation, la mise en oeuvre, la maîtrise technique des installations, jusqu’à la conception.

2. Quels nouveaux vecteurs de formation avez-vous développés l’année dernière, et quel bilan en tirez-vous ?

CS : Nous avons innové en 2017 en démarrant des prestations de coaching et de conseil. Nous avons travaillé en partenariat avec les OPCA pour leur trouver des financements. On a élargi la notion de formation, pour promouvoir de nouveaux formats contribuant toujours au développement des compétences. Le conseil proposé est ainsi un accompagnement de l’entreprise pour qu’elle progresse dans un domaine particulier, qui n’est pas forcément son coeur de maîtrise.

CB : Ce bilan de carrière peut permettre de fidéliser les meilleurs salariés à l’entreprise en leur donnant des perspectives en interne. Notamment dans le contexte actuel de « chasse » aux Chargés d’affaires et aux Techniciens d’ Etudes… Dans cette période de relance des affaires et des carnets d’activité, il y a actuellement un véritable « mercato », avec une surenchère sur les salaires, ciblant les meilleurs… Une entreprise peut retenir ses compétences clés par des actions managériales, mais aussi par des formations s’intéressant à leur développement professionnel. Avec ma casquette de DRH d’UTB, je peux témoigner du grand intérêt pour l’entreprise et pour les professionnels d’une telle démarche.

A cet égard, Afortech s’est montré précurseur et innovant, notamment quand on voit les directions prises par la réforme actuelle de la formation professionnelle. Nos cibles : le dirigeant entrepreneur, mais pas seulement. L’encadrement au sens large, les managers, les chargés d’affaires peuvent être parfaitement intéressés par ce type d’approche.

Par exemple : l’offre « Bilan de carrière », née de la précédente réforme de la formation, peut aider les entreprises dans les entretiens de bilan, pour décider de l’évolution professionnelle du salarié, ou pour envisager son éventuel reclassement.

CS : L’année 2017 a également été marquée par le développement des stages longs certifiants et qualifiants : par exemple la formation de Chargé d’Affaires, représentant environ 400 heures sur un an. Ou celle des Agents de Maintenance (200 à 300 heures). Ce sont par exemple des stages pour savoir gérer des affaires, faire du chiffrage, préparer des chantiers et les suivre, jusqu’à la livraison du chantier et des interventions. Ces stages bénéficient d’ailleurs d’une bonne prise en charge des OPCAs.

Enfin, nous avons cette année revisité notre site internet pour le rendre plus interactif et plus attractif pour nos clients : ainsi les recherches de stages peuvent avoir plusieurs entrées, selon le profil du demandeur. Nous avons également créé une page d’ Actualités, dans laquelle sont débattus et commentés chaque mois les sujets importants du moment. En un an, nous avons eu environ 10 000 visiteurs ! Le rayonnement d’Afortech s’est clairement accru.

3. Que diriez-vous qui distingue Afortech actuellement des autres organismes de formation dans la profession ?

CB : Spontanément, je dirais qu’Afortech comprend les métiers, et leurs secteurs d’activité. C’est un organisme de formation professionnelle proche des entreprises et de leurs besoins. Il peut également faire soit du sur mesure, soit de la personnalisation par rapport aux métiers. Le plus d’Afortech, c’est vraiment sa connaissance de ses clients, sa connexion au terrain, et peut-être surtout sa grande réactivité aux demandes et la finesse de ses réponses. C’est également un partenaire reconnu des entreprises, mais aussi des organismes de financement de la formation professionnelle.

CS : je dirais également que la spécificité d’Afortech est sa capacité à avancer des fonds de financement des stages de formation à ses clients, ce qu’on appelle la subrogation de paiement. C’est d’ailleurs un des rares organismes de formation à proposer ce service aux PMEs, selon certaines conditions bien entendu. C’est dû au fait qu’Afortech travaille en partenariat étroit avec les organismes de financement (OPCA : Constructys, etc.).  Ce service est très apprécié des petites entreprises …  Afortech s’occupe également de tout le suivi administratif et de la logistique des stages : c’est un atout indéniable !

Réforme de la formation professionnelle : une opportunité d’ouvrir le champ des possibles en matière de formation

1. Quels vont être d’après vous les impacts de la nouvelle réforme de la formation  professionnelle sur Afortech cette année ?

CB : L’année 2018 va nous permettre de préparer et de mettre en oeuvre cette réforme majeure de la formation professionnelle pour 2019. Par optimisme naturel, je considère que le gouvernement a fait un pas vers plus d’efficacité, de transparence, d’accès à la formation pour tout le monde : pour que chacun se saisisse de sa propre formation et de son parcours professionnel.

CS : Cette réforme vise à regrouper une majorité des fonds pour les demandeurs d’emploi. De plus elle veut mettre les compétences au coeur du développement professionnel, – et la formation au coeur du développement des compétences, ce qui est très intéressant. Afortech est en adhésion totale avec cette approche. Maintenant au nom de la simplification, les processus vont changer, le gouvernement se mettant au centre des financements et les organismes de financement devenant des opérateurs de compétences. Les demandeurs d’emploi, les TPEs et les petites PMEs vont être les grands gagnants de cet effort de formation, au détriment peut-être des financements qui s’adressaient traditionnellement aux entreprises de plus de 50 salariés, qui devront financer eux-mêmes leur plan de formation.

CB : le CPF (Compte Personnel de Formation) est également un outil prépondérant pour les salariés, qui devront se saisir de leur propre projet. Aux entreprises d’accompagner leur personnel dans cette démarche. Les questions encore ouvertes concernent le type de formations proposables aux salariés dans le cadre de leur CPF. La réforme, fondamentalement, ne peut être que positive dans ses buts : le développement des compétences par la formation professionnelle devient l’outil des entreprises pour soutenir leurs performances. Ce qui est un changement profond par rapport à aujourd’hui, où la formation professionnelle est encore vue comme une contrainte réglementaire bien souvent. Il y a aussi une volonté que les organismes de formation deviennent plus réactifs, quelle que soit leur taille, et qu’ils collent plus aux besoins des entreprises.

CS : Cette réforme met également en face des organismes de formation de nouvelles cibles : non plus seulement les entreprises, mais les salariés eux-mêmes par leur CPF. Afortech a d’ailleurs anticipé cette évolution avec son site internet qui permet à ses demandeurs de multiples recherches selon leurs besoins. Les salariés sont vraiment un vecteur important, et les offres évolueront en conséquence.

CB : Les innovations en matière de formation vont devenir très importantes, et dans un proche avenir. Nous allons devoir nous mettre au Digital Learning, et repenser certainement certaines démarches pédagogiques.

CS : Le tutorat sur le terrain, c’est-à-dire le partage collaboratif, ainsi que le coaching individuel, vont entraîner avec la digitalisation des formations, un nouveau maillage entre les entreprises et les organismes de formation.

2. Quels sont pour vous les enjeux 2018 / 2019 pour un organisme de formation comme Afortech ?

Les grandes tendances du Digital Learning : une ouverture passionnante vers l’innovation pour les années à venir !

1. Vos clients vous ont-ils déjà exprimé leurs attentes ou leurs besoins en matière de Digital Learning ?

CS : Oui absolument, certains de nos clients sont en attente de nouvelles offres pédagogiques, avec de nouveaux formats. Par exemple, dans le domaine des Achats, il y a une demande qu’un Expert puisse transmettre les bonnes pratiques en prévention sécurité pour l’intérim, et aussi sur la réglementation. Un format digital par « capsules animées » serait porteur.

2. La réforme de la formation professionnelle est clairement une opportunité pour un organisme de formation pour accompagner le tournant du Digital Learning : comment voyez-vous cette transition s’opérer ?

CB : Il y a beaucoup de curiosités sur le sujet, et les entreprises sont certainement en attente de propositions par Afortech dans ce domaine. Les entreprises se digitalisent dans leurs propres métiers. Afortech se doit donc de les accompagner dans cette démarche. La dématérialisation de la CAO et des processus commerciaux est déjà très importante. Chez UTB, la transformation numérique dans le bâtiment est en marche, et la jeune génération ne comprendra pas que les entreprises pour lesquelles ils travaillent ne leur proposent pas aussi un type de formation plus innovant et plus digital qu’aujourd’hui.

3. Quels impacts à court et à moyen terme pensez-vous que les nouveaux formats digitaux et les approches pédagogiques innovantes vont apporter à Afortech en tant qu’organisme de formation ?

CB : Afortech saura s’adapter aux nouveaux formats digitaux, dès lors que les besoins de ses clients sauront se préciser. C’est d’ailleurs son rôle en 2018 d’aider les entreprises de ces professions à réfléchir à leurs nouvelles attentes et à la façon dont elles veulent évoluer.

CS : Déjà aujourd’hui des appels d’offres sont à faire en BIM (Building Information Management). La transition numérique a démarré, à nous tous de savoir sauter dans le bon wagon ! Cette digitalisation va certainement à terme changer nos métiers, et en faire évoluer les dimensions temporelles et pédagogiques. C’est incontournable et passionnant.